Menu
Libération

«La multiplication des commissions? Un massage de l'esprit public»

Article réservé aux abonnés
Pour Dominique Reynié, politologue et professeur à Sciences Po Paris, la création frénétique de commissions par Nicolas Sarkozy ces derniers mois relève à 100% de la stratégie politique.
par propos recueillis par imanol Corcostegui
publié le 15 février 2008 à 7h00

Quel est l'intérêt pour Nicolas Sarkozy de mettre en place un si grand nombre de commissions?
Selon moi, il y a trois raisons à cette stratégie politique.
D'abord, c'est un excellent moyen pour Nicolas Sarkozy d'affaiblir l'opposition et de recentrer son positionnement politique après une campagne présidentielle conduite très à droite. Les commissions permettent d'ouvrir le spectre idéologique. Le meilleur exemple reste quand même Jacques Attali, supporter n°1 de Ségoléne Royal et qui six mois plus tard, écrit littéralement le programme du quinquennat du Président.
Créer des commissions permet également de juguler la contestation politique. Tous les intellectuels qui intégrent ces commissions pourraient potentiellement, en tant qu'experts, critiquer la politique de Nicolas Sarkozy. En les intégrant, ils s'abstiennent de parler, faisant valoir leur devoir de réserve. Ils se retrouvent dans une position très inconfortable. A partir du moment où Jack Lang est rentré dans la commission Balladur, il n'a plus fait preuve de sa verve habituelle.
Enfin, il y a un dernier effet : Sarkozy contrôle ainsi le climat idéologique, choisit les thémes qui font l'actualité. C'est un massage de l'esprit public destiné à l'assouplir.

Au milieu de ces commissions, quel rôle pour les parlementaires et les ministres?
Dans le cadre de ce régime hyperprésidentiel, les commissions empêchent le Parlement d'accomplir ses dernières missions. Beau