En matière militaire, la rupture se fait toujours attendre. Hier soir, les rédacteurs du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale se sont rendus à l'Elysée, mais n'ont remis au président de la République qu'un simple «rapport d'étape». Leurs travaux n'aboutiront que vers la mi-avril et déboucheront sur un document censé faire entrer la politique de défense dans l'ère de «la mondialisation», comme l'a demandé Nicolas Sarkozy. Puis il faudra transcrire ses nouvelles orientations en mesures concrètes.
Angoisse. Jacques Chirac n'avait pas tant tardé. Elu en mai 1995, il avait lancé, dès février 1996, sa grande réforme de la suppression du service national. Cette fois, les choses traînent. D'autant que, parallèlement au livre blanc, le ministre de Défense, Hervé Morin, est soumis à la revue générale des politiques publiques et prépare une nouvelle loi de programmation militaire (2009-2014).
«Nous avons bien conscience que cette attente suscite de l'angoisse» chez les militaires, assure un haut responsable de la défense. Une angoisse renforcée par le fait qu'ils ne se sentent pas vraiment défendus en haut lieu. «Nicolas Sarkozy ne s'intéresse pas aux militaires, il ne les connaît pas, ne semble pas les aimer», confie un officier. Quant à Hervé Morin, il suscite, au mieux, l'indifférence des troupes.
«Traditionnellement, c'étaient les chefs d'états-majors qui défendaient leurs armées, mais ils sont désormai