«L'adoption des enfants originaires du tiers-monde est le dernier domaine d'activité où l'idée de couper quelqu'un à jamais de ses origines ne semble pas poser problème», a écrit Ivan Jablonka, dans Libération le 8 février dernier, au terme de sa généalogie de la folie de l'Arche de Zoé, en passant par le scandale des enfants transplantés de la Réunion.
Ce type d'adoption lui paraît incompréhensible, écrit-il encore, «à l'âge du tout-identitaire, alors que même un pays comme la France évite de rompre le lien entre enfants et parents biologiques». La dénonciation de l'abus, de l'escroquerie, fait consensus. L'apologie du lien biologique ou de l'origine, elle, fait autrement problème. Ainsi l'âge du tout-identitaire serait un argument en défaveur de l'adoption internationale et des familles «mixtes» ? Pourquoi ? Qui ne voit que l'idée que tout enfant en exil serait voué à une déculturation irréparable (comme s'il ne bénéficiait pas d'une éducation et d'une instruction dans une nouvelle culture) rend problématique la possibilité même de l'immigration, la possibilité d'avoir une culture et une nationalité d'adoption ? Qui ne voit que l'on ne fait ainsi qu'étayer le droit du sang contre le droit du sol ? Qu'est-ce qu'une origine qui serait déposée en un lieu et un moment déterminé du passé, comme un donné immuable, dont on ne saurait s'éloigner sans se perdre, sinon une aliénation ?
Qu'il nous soit donc permis de nous demander sur quelle arche, à «l'â