C’est par des échanges épistolaires que Michel Fourniret et Monique Olivier vont unir leurs deux solitudes pour le pire en 1987. Lui, fraiseur ardennais devenu dessinateur industriel, elle, secrétaire nonchalante et paumée, échafaudent sur le papier le terrifiant tandem criminel, qui va capturer, violer et tuer au moins sept jeunes filles en l’espace de quinze ans en France et en Belgique. Alors écroué pour des attentats à la pudeur sur des adolescentes, l’homme a d’abord passé une petite annonce dans le magazine catholique le Pèlerin : «Prisonnier aimerait correspondre avec personne de tout âge pour oublier solitude.» Il a alors 44 ans et purge sa peine depuis trois ans à Fleury-Mérogis pour des agressions sexuelles. Elle en a 38, habite à Nîmes, garde une malade, a laissé ses deux fils à son ex-mari et répond à ce détenu. Ils s’envoient bientôt des «messagères» enflammées. Féru de littérature russe, Fourniret surnomme sa correspondante «Natouchka» et Monique Olivier l’appelle «mon taulard préféré». Elle n’a pas de permis de visite mais vient à son procès à Evry le 26 juin 1987, jour du verdict. Il prend sept ans de prison dont deux avec sursis. Il sortira pour «conduite exemplaire», en octobre de la même année.
Méticuleux, maniaque même, Fourniret qui admire sa plume a conservé quinze lettres de l'été 1987 dont une seule de sa complice. Ces documents ont été saisis en juin 2004 par la police dans sa maison à Sart-Custinne (Belgique)