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Interview

Shirin Neshat : «Les Iraniens ont un lien profond avec la poésie»

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publié le 15 mars 2008 à 2h42
Qu'est-ce qui vous a conduite à quitter l'Iran à l'âge de 17 ans ?

Il s'agissait principalement d'une décision de mon père. Il croyait au principe d'une bonne éducation, et, à cette époque en Iran, c'était très populaire, pour les familles de la classe moyenne supérieure, d'envoyer les enfants étudier à l'étranger. La seconde raison est d'ordre politique. Dans ces années-là, en 1974-1975, l'Iran commençait à être très troublé. Ma génération, qui devenait de plus en plus engagée politiquement, a fini par faire la révolution. Beaucoup d'étudiants ont été arrêtés par le régime du chah, certains devenaient des moudjahidin ou rejoignaient d'autres groupes radicaux islamistes. Dans son subconscient, mon père a dû penser qu'il était plus sage d'envoyer ses enfants à l'étranger. Il ne se doutait pas de ce qui allait se passer plus tard, et qu'il me serait si difficile de revenir. Je suis donc partie avec ma soeur à Los Angeles. Nous n'avons pas aimé du tout. Ma soeur est repartie, je voulais en faire autant mais mon père m'a encouragée à rester. Puis la révolution islamique a eu lieu et je n'ai plus pu rentrer. Je n'ai pu le faire que beaucoup plus tard, en 1990, et là je suis restée onze ans.

Comment êtes-vous devenue artiste ?

Lorsque j'étais jeune, je voulais déjà être une artiste. Mais quand j'ai commencé à étudier l'art à l'école, je me suis vite rendu compte que je n'étais pas très douée. Alors après ma licence, j'ai déménagé à New York et là j'ai décidé que l'art n'était pas pour moi, que je n'avais à ce moment pas grand-chose à dire. J'ai accepté cela, j'en étais même contente