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Libération
Interview

Georges Séguy Prendre le pouvoir en Mai 68 ? Oui, j'y ai songé.

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publié le 31 mai 2008 à 3h40
(mis à jour le 31 mai 2008 à 3h40)

Vous étiez secrétaire général de la CGT depuis moins d'un an quand survient mai 1968. Quelle était la place de la CGT dans la société française ?

J'ai été élu en juin 1967. Le syndicalisme était encore très largement sur les rails de la Libération. La CGT comptait deux millions d'adhérents (1) dont plus de 50 % étaient au Parti communiste, contre sans doute moins de 10 % aujourd'hui. Je venais, comme Bernard Thibault, de la fédération des cheminots, et j'étais parmi les plus jeunes dans la génération issue de la Résistance. J'avais 17 ans quand j'ai été arrêté, en 1944, alors qu'apprenti dans une imprimerie toulousaine, je faisais l'agent de liaison entre cet imprimeur libertaire qui travaillait pour la Résistance, et les réseaux communistes. En 1967, j'avais juste 40 ans, et une des idées fortes du 36e congrès de la CGT était qu'il fallait aller vers les jeunes. Benoît Frachon, auquel j'ai succédé, venait de fêter ses 74 ans.

Depuis la Libération, le paysage syndical avait quand même bougé.

Il y avait eu en 1947 la scission de Force ouvrière. Ensuite, c'est surtout à la CFTC que les choses ont évolué avec la naissance de la CFDT, sous l'impulsion de militants que je connaissais bien, issus de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et de l'action catholique ouvrière (ACO). Ils avaient une conception du syndicalisme qui nous rapprochait, au point que nous avions signé en 1966 un accord d'unité d'action.

Quelles étaient, à la veille de Mai