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Savez-vous évaluer le spectacle vivant ?

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Débat animé par Jean-Louis Martinelli
par
publié le 14 juin 2008 à 3h52

Jack Ralite Sénateur CRC (Communistes, républicains et citoyens) de Seine-Saint-Denis

«Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde», disait Camus. Le mot «évaluation» mal nommé. Pourtant, il occupe le devant de la scène, singulièrement dans le domaine artistique, où il apparaît en terre étrangère. Personne ne nie que «vivre c'est préférer et exclure», selon le mot de Canguilhem, et si évaluation rimait avec évolution et fréquentation intime de la pratique artistique, il n'y aurait rien à redire à l'invasion de ce paradigme. Mais l'évaluation pratiquée aujourd'hui est prioritairement comptable : recettes propres, équilibre financier, jauge de la salle, nombre de représentations par an. Autant d'indicateurs aveugles et interchangeables quels que soient les équipements. Les comptes remplacent les contes. Le contrôle comptable dit-il quelque chose du spectacle vivant ? De son inattendu (car il n'est jamais fini, encore moins un produit fini) ?

Jérôme Deschamps Comédien, metteur en scène, directeur du Théâtre national de l’Opéra comique à Paris

Il y a à réfléchir sur la vraie manière de s'y prendre, et cela commence par une dispute avec une évaluation des experts. Il y a à trouver les moyens, comme l'a écrit Boulez, de «donner la force de rompre les règles de l'acte qui les fait jouer». Evaluer vraiment c'est valoriser et dévaloriser et, répétons-le, c'est évoluer, c'est supporter d'avoir à inventer, c'est reco