A un collègue qui demande : «Tu fais quoi, toi, comme duel, dans le cahier été ?», on répond : Paris, rive droite contre rive gauche. L'autre ponctue : «Ah, je vois, l'argent contre la culture.» A peu près ça, oui. C'était l'idée de départ. A droite, les puissances de la finance, du commerce, du pouvoir. A gauche, celles de l'intellect, de la pensée, de l'université. La Bourse d'un côté et la Sorbonne de l'autre, comme le résument Monique et Michel Pinçon-Charlot dans leur petite Sociologie de Paris (1). Et puis, comme ceux qui se causent ne sont pas de toute première jeunesse, on est pris d'un doute : est-elle toujours valable, cette antique césure ? Paris, quand on a 20 ans, c'est toujours rive droite-rive gauche ?
Clovis contre les Romains
Voilà Cindy, 25 ans, alpaguée place Saint-Michel (rive gauche). Elle prépare le Capes de physique-chimie, habite Clermont-Ferrand et vient à Paris trois fois par an. Si on lui demande quelle différence elle perçoit entre les deux rives, elle hésite. «Il y a peut-être un côté plus populaire que l'autre.» Lequel ? «Euh, le Nord, l'Est.» Le quartier latin, ça lui dit quelque chose ? «Non, rien.»
Trois pas plus loin, Anton, 23 ans, élève à Supélec. Ça représente quelque chose, rive droite-rive gauche ? «Pas vraiment. Je pense plutôt par arrondissements ou par quartiers.» Lesquels ? «Les points où les RER passent, là où ça bouge, là où il y a des bars pour faire la fête.» Châtelet (rive droite) ou