Il susurre, et c'est un peu comme s'il ne chantait que pour vous, seul sur scène avec sa guitare. Il y a cinq ans que João Gilberto ne se produisait plus au Brésil. Pour le grand retour du maître de la bossa-nova (âgé de 77 ans), jeudi soir à São Paulo, le public lui a fait un triomphe : standing ovation dès son entrée sur scène (avec une heure et demie de retard), applaudissements nourris et vivats dès que sa voix frêle mais «toujours bonne», dixit le compositeur et producteur Nelson Motta, finissait de décliner ses propres succès ou ceux de Tom Jobim, un des pères de la bossa, comme Chega de Saudade, Desafinado, Samba de uma nota só, Garota de Ipanema, O Pato. «Il a chanté aussi, et pour la première fois, O Nosso Olhar, et Chove lá Fora, de Sérgio Ricardo,un artiste pré-bossa sur la tête duquel il avait brisé une guitare autrefois.», remarque Motta. L'interprétation de l'artiste le laisse en émoi : «Il y a des bouts de chansons qu'il ne joue plus, il épure toujours et c'est toujours mieux !»
«Classique». Les 806 places de l'auditorium Ibirapuera s'étaient arrachées en moins d'une heure et demie. Dans le public, il y a des jeunes et des moins jeunes. Laís et Ulysses, la cinquantaine, ne sont «pas des nostalgiques». Pour eux, la bossa, ce n'est pas du passé. «C'est du classique, comme Beethoven», dit Ulysses. «Nous n'avons jamais cessé de l'écouter»