Sylvie Goulard
La question des frontières de l'Union européenne ne se confond pas avec celle des frontières de l'Europe. L'UE est un projet politique qui dépend de la volonté de ses membres. Aussi doit-elle cesser de s'enfermer dans les pièges du culturalisme, qui nie le brassage de nos sociétés, comme dans celui du politiquement correct. En quinze ans, le nombre d'Etats membres de l'UE s'est accru de 12 à 27. C'est une belle réussite, surtout vis-à-vis des pays d'Europe centrale et orientale qui y ont toute leur place. Mais l'élargissement n'a pas été suffisamment débattu ni expliqué au moment même où les responsables européens prétendaient rapprocher l'Europe des citoyens.
Le divorce entre la parole et les actes a nourri une méfiance nouvelle, accrue par l'incapacité des gouvernants à réformer les institutions et à clarifier les choix de société à vingt-sept. Si, à l'avenir, l'élargissement reste perçu comme une fuite en avant, si des choix fondamentaux sont encore faits en catimini par le Conseil européen, l'Union perdra définitivement l'appui des Européens. Elle y laissera aussi sa crédibilité internationale. Comment mener une politique étrangère quand les frontières reculent sans cesse et quand, faute d'accord minimal entre ses membres, l'UE n'est qu'un tigre de papier ? Les récents événements dans le Caucase le montrent encore.
De même, le mot «union» devrait cesser d'être galvaudé. En l'appliquant à des relations capitales mais d'une autre nature, comme celles à développer en Méditerr