D’abord rendre hommage aux profs : ils sont les hussards frêles de la République, héros incertains mais d’un crâne courage. Entre les murs divisera l’opinion. Mais il la réunira d’abord autour de cette gratitude. Dans cette société de l’inégalité, les enseignants montent en ligne tous les matins pour affronter la fracture sociale en échange d’un salaire que n’importe quel financier tiendrait pour un simple pourboire. Certains touchent des millions pour abîmer le monde, d’autres à peine plus que le Smic pour le réparer. Armé de ses doutes et ses convictions, au fil de ses échecs décourageants et de ses victoires fragiles, ce prof de français qui se bat entre les murs comme sur un ring devient le symbole de ce qui nous reste d’espérance collective. Pour en avoir fait un portrait sans concessions, à l’opposé du pédagogiquement correct, Cantet a réalisé un grand film. Bien sûr, le spectacle est ambigu. Les tenants de l’école d’antan y verront la confirmation de toutes leurs craintes. Une salle de classe où l’on parle plus qu’on ne travaille, des élèves égarés dans un système qu’ils ne comprennent pas. La conclusion, pour ceux-là, est écrite d’avance : il faut nous débarrasser de ce funeste «collège unique» qui mélange des élèves aux niveaux trop disparates pour autoriser l’acte d’enseignement. Sauf que l’ancien système aurait simplement envoyé en classe professionnelle précoce, dès la sortie du primaire, ces élèves qu’un effort collectif indispensable frotte aujourd’hui aux savo
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