A18 mois, Gérard Larcher était couronné Bébé Blédine, palme du plus goulu bouffeur de bouillie du pays. A 59 ans, il est élu chef des papys du Sénat, la chouette résidence-services de la République, ses palais, son parc de 25 hectares, ses gardes républicains, son hémicycle désespérément vide. Gégé Larcher, 1,78 m, 102 kilos, est un politicien tendance tripes-bourgogne au petit déjeuner. Il a de l'estomac, ce qui lui a permis de boire des canons à la buvette du Sénat (café, 40 centimes, whisky, 50 centimes) en prêtant l'oreille à de vieux sénateurs que nul n'écoutait plus, de s'avaler cassoulets ou petits salés avec ses pairs tout en enchaînant rapport sur rapport, car c'est un bosseur. «Je suis attentif à tout le monde, c'est ma nature», dit-il.
Son prédécesseur ressemblait à Michel Galabru, lui à Philippe Noiret. Bilan, une belle cote auprès des sénateurs comme des fonctionnaires de l'administration. «Un sympathique hippopotame pourvu de petits yeux mobiles avec une bonne allure de provincial replet. Franc-mac et catho, chasseur et pêcheur, un bon gros, quoi», dit Jean-François Probst, ex-conseiller de Charles Pasqua. «Catholique ? Non, je suis protestant. Passionné par la Réforme», rectifie Larcher avec un sourire de poupon. Un calviniste admirateur de Jean XXIII. Franc-mac ? «J'ai démenti.» Comme le font tous les francs-maçons. Mais il dit peut-être vrai. Ou peut-être pas. Qu'importe, toutes les chapelles se l'annexent, ce qui n'a pas nuit à so