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Libération
Interview

«Pour la plupart des gens, il faut être d’accord politiquement pour s’aimer»

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Anne Muxel, directrice de recherche au Cevipof.
publié le 11 octobre 2008 à 6h51

Faut-il être d'accord pour s'aimer ? Peut-on partager son lit mais pas son vote ? Anne Muxel, directrice de recherche au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) s'est penchée sur la relation entre alcôve et politique. Avant même que Nicolas Sarkozy et sa femme de gauche ne fasse la une. Elle a réalisé une cinquantaine d'entretiens avec des hommes et femmes (de gauche et de droite) pour écrire Toi, Moi et la politique (Seuil), en librairie cette semaine.

Pourquoi s’intéresser au lien entre amour et convictions ?

J'ai eu la volonté de regarder la politique par l'intime. C'est l'originalité de ce livre. Les relations familiales, affectives, conjugales jouent un rôle dans la formation politique des individus. La politique est plus intime que ce que l'on pense. Léa, une jeune fille de 21 ans interviewée dans l'enquête, le dit : «On devient proche de quelqu'un lorsque l'on peut parler d'amour et de politique.» Nos convictions morales, politiques, religieuses, nos systèmes de croyance se retrouvent au cœur de notre identité. Cette enquête montre comment chacun négocie ses différences ou ses ressemblances par rapport à l'autre (le parent, l'enfant, le conjoint, l'ami).

En 2007, la moitié des personnes ne connaissent pas (ou pas vraiment) le vote de leurs conjoints…

Oui, et c’est paradoxal. Car c’est d’abord avec son conjoint que l’on parle de politique. Mais j’y vois deux explications : quand il y a désaccord, on le sent, on n’en parle pas, on préserve ainsi la relation affective. Ensuite, c’est aussi un signe d’individuation des choix. Il y a de moins en moins d’allégeance revendiquée, on fait de plus en pl