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Libération

La résurrection du modèle français

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publié le 16 octobre 2008 à 6h51

Depuis des années, la Sainte Alliance des souverainistes, des «déclinistes», des trotskistes, des communistes, des libéraux et de l’extrême droite avait atteint son but : elle était parvenue à déconsidérer ce que l’on appelle, faute de mieux, de façon à la fois assez vague et assez vaniteuse, le modèle français, c’est-à-dire ce consensus idéologique qui rêve d’une économie de marché sociale et fortement régulée, d’un gouvernement économique européen et d’une autorité politique qui impose à Bruxelles la prééminence des chefs d’Etat et de gouvernement sur la bureaucratie.

Cela fait une décennie et même un peu plus que l’on ironise, que l’on raille et que l’on persifle sur tous ces bancs à propos de cette aspiration typiquement française à une société plus équitable, mieux encadrée et mieux équilibrée, et à une ambition européenne plus politique et plus démocratique. Les libéraux n’en finissaient pas de ricaner sur l’archaïsme et sur le conservatisme de cet étrange pays qui refuse l’idéal anglo-saxon de la dérégulation, qui tient à ses contrôles et à ses boucliers. A l’autre extrémité de l’éventail, les extrêmes gauches communiaient dans la détestation fervente du marché, même corrigé, même encadré, même piloté, même humanisé. Tout ce qui ressemblait à de la concurrence ou à de la compétition était à leurs yeux par nature démoniaque. Les réquisitoires de cette coalition contre nature d’anticapitaliste et d’ultra-capitaliste convergeaient pour vouer aux gémonies l’économie social