Yves Bertrand recensait tout type de boules puantes pouvant affecter les concurrents de Jacques Chirac dans son ramassis de «rumeurs et ragots», selon ses propres termes. En pleine période de cohabitation, Lionel Jospin y figurait évidemment en bonne place.
Rétrocommissions. A la date du 22 mai 2001, l'espion en chef des Renseignements généraux (RG) relève : «Attaques contre le père», visant le rôle sous l'occupation du géniteur de Lionel Jospin. Histoire de charger un peu plus la mule du Premier ministre, concurrent du président de la République en titre en vue de la future élection présidentielle, Yves Bertrand essaie également de le mêler à l'affaire des frégates de Taiwan. D'où sa note d'avril 2002 : «Le Pen a touché des commissions sur la vente des frégates, 2 %, 66 millions.» Et de préciser quelques lignes plus tard : «Hôtel Warwick, rencontre Jospin et Le Pen.» Dans l'esprit paranoïde de Bertrand, Jospin et Le Pen se seraient ainsi partagé les rétrocommissions d'un énorme contrat d'armement. Il en informe illico l'Elysée, même si tout ceci est complètement bidon.
Une fois Chirac réélu, Jospin disparaît subitement des cahiers Bertrand. Place à Sarkozy, ministre de l'Intérieur et déjà concurrent d'un président vieillissant. D'où sa note du 17 octobre 2002 : «Tassez a introduit Sarkozy chez Bongo et prend du fric en liquide.» Jean-Noël Tassez est l'ancien président giscardien de RMC, actuellement poursuivi dans