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Libération
TRIBUNE

Krach : devoir de vérité pour la gauche

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par Manuel Valls
publié le 20 octobre 2008 à 6h51

L’onde de choc de la crise financière bouleverse déjà profondément le paysage idéologique international.

Devant la déferlante, les tenants du dogme libéral ont changé de pavillons. En France, Nicolas Sarkozy, jusqu’alors défenseur de l’Etat qui recule (à l’école, à l’hôpital, dans les banlieues…), n’a pas eu de mots assez durs pour qualifier les dérives du capitalisme financier. Une partie de la gauche se réjouit, déjà, de ce qui semble être une victoire totale de son credo. Mais rien n’est plus faux. Car ce qui la guette, si elle n’y prend pas garde, c’est une victoire à la Pyrrhus: céder à la facilité qui consiste à se définir uniquement en contradiction avec la droite sarkozyste. Si cette inclinaison est séduisante par sa simplicité, elle est un facteur d’immobilisme fatal. Dès lors que la droite pénètre par malice dans nos rives, nous crions à l’usurpation sans proposer, pour autant, d’alternative valable. Par ailleurs, condamnés, par essence, à toujours être perçus comme moins radicaux ou excessifs que les extrêmes, nous nous voyons rogner notre espace d’expression.

Depuis les origines, ce qui nous distingue des incantations d’une certaine gauche, c’est le devoir de responsabilité. Il s’accompagne d’un devoir de vérité que nous assumons avec lucidité : nous sommes favorables à l’économie de marché, il n’y a pas d’autre alternative. Ce qui nous définit, ensuite, intrinsèquement, c’est le besoin ardent de justice sociale quand la droite, elle, privilégie toujours la libert