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Libération
EDITORIAL

Enlisé

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publié le 14 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 14 novembre 2008 à 6h51)

Amer paradoxe pour le Parti socialiste. C’est au moment même où son idée constitutive reçoit de la réalité un éclatant renfort qu’il offre le spectacle d’une querelle de personnes d’une intensité rarement atteinte, avec son cortège de manœuvres subreptices, de tactiques de couloir et de conciliabules de l’ombre. Il devrait triompher intellectuellement et moralement : il s’enlise dans l’intrigue.

Quelle est cette idée ? Elle est fort simple. La seule addition des décisions individuelles des consommateurs et des producteurs, ce qu’on appelle en un raccourci un peu pauvre «le marché», s’il est laissé à ses errements, envoie la civilisation dans le mur. Le mouvement spontané de l’économie, chacun le voit aujourd’hui, a trois effets désastreux : par le biais de la dégradation de l’environnement et du réchauffement climatique, il menace l’intégrité de la planète tout entière ; en raison d’une injuste répartition des revenus mondiaux, il creuse l’écart entre les conditions et prépare une société massivement inégalitaire ; par l’effet d’une hypertrophie spéculative, il fait courir le risque d’une thrombose financière globale qui peut ruiner l’investissement et arrêter la croissance, si ce n’est déjà fait. Il n’est qu’une solution à ce problème de civilisation et elle est politique : faire en sorte, par des moyens modernes, que la volonté collective retrouve son droit à orienter le devenir des citoyens du monde. C’est l’idée des pères fondateurs du socialisme. Est-il trop tard pour qu