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grand angle

Tombés pour les maos

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Christophe Schimmel s'est engagé à l'âge de 15 ans dans la Gauche prolétarienne. Et lui a tout donné. Aujourd'hui sans emploi, dépressif, il vit dans l'amertume et fait partie de ceux qui n'ont pas supporté la dissolution de l'organisation maoïste. D'autres en sont morts.
25 février 1972: Jean-Antoine Tramoni (au centre), vigile aux usines Renault, va tirer sur l'ouvrier maoïste Pierre Overney (à gauche, de dos). Christophe Schimmel, 18 ans à l'époque, photographie la scène. (Christophe Schimmel / AFP)
publié le 18 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 18 novembre 2008 à 6h51)

Quarante ans après Mai 68, que sont devenus les «soldats perdus» de la Gauche prolétarienne (GP) ? Quelle a été la trajectoire de ceux qui ne se sont pas remis de la dissolution en 1973 de cette organisation maoïste née dans le sillage des événements de Mai, et qui fut à l’origine du journal que vous avez entre les mains ? Le parcours de Christophe Schimmel en donne une idée.

Partons d’une image : celle qui montre Jean-Antoine Tramoni, agent de sécurité chez Renault, tirer de sang-froid sur l’ouvrier maoïste Pierre Overney. C’était le 25 février 1972, à 14 h 30, à l’usine de Boulogne-Billancourt. Christophe Schimmel, 18 ans à l’époque, était devant les grilles de l’avenue Émile-Zola avec d’autres militants de la Gauche prolétarienne. Photographe, il a capté toute la scène avec son Seagull, mauvaise copie chinoise de Rolleiflex.

Ses images, reprises par la télé et tous les journaux, vont avoir un impact énorme : elles démentent la thèse officielle de la légitime défense. La mort de «Pierrot» Overney est un assassinat. Le mouvement maoïste tient son premier martyr. Avec trois conséquences. Un : pour éviter d'autres morts et une spirale de la violence (plus quelques autres différends), les dirigeants de la GP décideront l'année suivante la dissolution de l'organisation. Deux : l'Agence de presse libération (APL), qui diffuse les photos, verra sa notoriété bondir instantanément. La petite agence militante pourra donner naissance, une grosse année plus tard, au quotidien Libéra