Jean- Claude Guillebaud
Né à Alger en 1944, docteur en droit devenu journaliste (le Nouvel Observateur, la Vie, Sud-Ouest), Jean-Claude Guillebaud a longtemps arpenté le monde en reporter et militant, ce qui lui a valu le prix Albert Londres en 1972. Directeur de collection au Seuil et cofondateur des éditions Arléa, il fourbit depuis quinze ans ses armes théoriques, dans la compagnie studieuse de Cornelius Castoriadis, Edgar Morin ou Michel Serres, pour comprendre «le désarroi contemporain». Le Commencement d'un monde. Vers une modernité métisse (Seuil) achève provisoirement cette enquête politique et philosophique, aussi humble que stimulante, durant laquelle il est «redevenu chrétien».
Comment a commencé votre longue «Enquête sur le désarroi contemporain» dont le septième - et dernier - volume vient de paraître ?
J'étais mu par la passion de découvrir de nouveaux champs du savoir, pour comprendre un peu mieux ce qui nous arrivait, par exemple l'importance de la révolution informatique. J'étais très assidu à de nombreux colloques et séminaires, mais je n'avais pas du tout l'idée d'écrire moi-même. Puis au bout de dix ou douze ans, Edgar Morin et Michel Serres me convaiquent que, venant du journalisme, j'avais appris à rendre accessible des choses qui s'expriment nécessairement dans des jargons techniques. Que je pouvais surmonter cette fatalité qu'est la partialisation du savoir. Serres avec son