Gérard Grumberg, politologue et directeur de recherches à Sciences-Po et au CNRS, décrypte la «sale histoire».
Va-t-on vers une dislocation du Parti socialiste ?
Historiquement, c’est une sortie de crise récurrente. Ce fut le cas en 1920 avec la création du PCF à l’issue du congrès de Tours, en 1933 quand Déat et ses amis qui reprochaient à Léon Blum son refus de participer au gouvernement ont été exclus de la SFIO. En 1944, nouvelle épuration : cette fois, la SFIO se reconstruit sans les socialistes, qui avaient voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940. Rebelote en 1958, l’attitude du gouvernement Guy Mollet face au général de Gaulle expliquant la création du PSU.
Vous y croyez aujourd’hui ?
Si la raison l'emporte, non. Depuis 1965, le PS a évolué dans le cadre du régime présidentialiste qu'est la Ve République. Les deux grands partis majoritaires sont aujourd'hui d'abord des machines à gagner les élections, à commencer par la présidentielle. En sortir est périlleux pour une personnalité politique ambitieuse. Ces partis d'élus redoutent par nature la scission. Toutefois, les acteurs peuvent être dépassés par leur propre jeu, et la scission peut intervenir alors que personne ne la souhaite réellement. Après la nuit épouvantable de vendredi, il va être compliqué de réconcilier deux camps engagés dans des procédures judiciaires.
Le PS pourra-t-il continuer comme avant ?
Pour moi, c’est la fin du parti d’Epinay. Au-delà de l’enjeu de pouvoir, la crise actuelle est la conséquence de l’évolution du PS lui-même. Historiquement, le PS est un parti de militants attaché au p