«Ségolène Royal a gagné.» 23 heures, vendredi. Le vote a pris fin il y a une heure, et François Rebsamen, proche de Royal, livre ses certitudes. Fort de ses projections, ce spécialiste de l'appareil est formel : «53 %». Très vite, la rumeur enfle. A l'Assemblée nationale, Benoît Hamon, rallié à Aubry après le premier tour, commence à y croire. Au téléphone, Henri Emmanuelli tempère : «Attends tous les résultats.» Salle Guidoni, à l'entresol du siège, rue de Solferino, où les représentants des candidates, face à face, récoltent les résultats, la tension monte dans le camp Aubry. François Lamy, lieutenant de la maire de Lille, descend prêcher la bonne tendance : «C'est du 50-50», jure le député de l'Essonne, qui hurle à la «république bananière». Sur 21 000 voix, le système informatique Rosam, sur lequel les résultats tombent à la chaîne, donne 46,51 % pour Aubry et 53,49 % pour Royal.
«Plan B». Très vite, l'équipe Royal s'aperçoit que «Rebs» a fait une faute. Ses représentants à Solferino, pour calmer le jeu, évoquent des projections «à touche-touche».«Le triomphalisme, c'était une erreur.» Nouvelles consignes transmises à la Maison des polytechniciens, où les royalistes parlaient jusqu'ici «ondes positives» : «Arrêtez de communiquer !» Trop tard ? Il est 23 h 40 et l'écart se resserre : sur 75 000 votants, 51 % contre 49 %. A la questure de l'Assemblée où siège le clan Aubry, Cla