D’ordinaire, c’est plutôt Ségolène Royal qui saisit ses camarades par ses miracles. Comme faire disparaître puis réapparaître à l’envi sa candidature au premier secrétariat. Mais Martine Aubry détient incontestablement, ce matin, la palme de la plus puissante des magiciennes du PS. Les partisans de Royal ont beau hurler au trucage, le prodige est irréfutable: celle qui végétait encore, il y a à peine plus de huit mois, en deuxième division socialiste, endosse ce matin le tailleur de la numéro un de l’opposition grâce à une avance de 0,07 % sur sa rivale. Le tout sur la base d’une surréaliste construction mêlant ceux qui furent, ces dernières années, les pires ennemis au sein du PS : les amis de Laurent Fabius et de Dominique Strauss-Kahn. Hormis ses proches, personne, au long de cette campagne dominée par le face à face entre Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, n’y a jamais vraiment cru. Force est pourtant de constater l’étonnante résurrection de Martine Aubry, 58 ans, qui s’impose, dans les prolongations, comme la première première secrétaire de l’histoire du parti.
Reconquête. Tout commence à la mairie de Lille. Où, d'ailleurs, tout aurait pu aussi bien s'achever. C'est là que l'ancienne vedette du gouvernement de la gauche plurielle s'était installée en 2001, avec difficulté et grâce à une triangulaire, dans le fauteuil de Pierre Mauroy. C'est aussi sur ces terres nordistes qu'elle avait subi un cuisant échec, aux législatives de 2002. Et que, lentement mais sûremen