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Libération
Interview

«Les lois de plus en plus répressives créent de facto un climat répressif»

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Marylise Lebranchu, ministre de la justice de 2000 à 2002 :
publié le 2 décembre 2008 à 6h51

Que vous inspire la mission de réformer la procédure de garde à vue demandée par Nicolas Sarkozy ?

L’état actuel des règles de droit permet de régler tous les problèmes posés. Le seul avantage d’une telle mission serait de revoir les procédures de garde à vue, de mieux définir le rôle de la défense. On a beaucoup progressé depuis des années en permettant d’alerter un médecin, un proche un avocat. Mais prévenu dès la première heure de garde à vue, c’est trop tôt, l’avocat ne dispose pas des éléments nécessaires pour intervenir avec pertinence et efficacité; à la vingtième heure, c’est trop tard. Pour le reste, tout existe déjà.

Sarkozy surfe-t-il sur l’actualité?

Il y a une sorte de sentiment global, depuis qu’il est à l’Intérieur, depuis qu’il est à la présidence de la République, que tout le monde est couvert. Ce n’est pas forcément rationnel, c’est une impression ambiante.

A chaque fois qu'il y a un problème, soit on fait une loi, soit on fait une commission. C'est la porte ouverte à toutes les surenchères. On répond par des lois de plus en plus répressives, en créant de facto un climat répressif. On s'emballe, et hop, quand survient un problème, on se dit qu'on va trop loin. Il faut stopper cet emballement et en revenir à la responsabilité.

La responsabilité de qui?

Cette affaire n'aurait jamais dû se dérouler ainsi. Quelle que soit la procédure en cours, les policiers chargés d'un mandat sont informés du motif de leur mission. Ils savent si la perso