Dans un de ses derniers entretiens, Jacques Derrida soulignait combien il était important, à propos des usages de la notion de terrorisme, de pouvoir «faire plus d'une phrase», c'est-à-dire de pouvoir affirmer «ensemble» différents principes fondamentaux, différentes exigences éthiques, politiques, juridiques et critiques irréductibles.
Tout en condamnant sans équivoque tout usage du terrorisme compris comme acte visant à tuer délibérément des civils et à répandre la terreur, il importe de déconstruire l'unité douteuse de ce que la «guerre contre le terrorisme» de l'administration Bush, tout comme les récentes législations antiterroristes américaine, britannique et française, ont réuni sous le nom englobant et délibérément flou «du» terrorisme. C'est ainsi que la guerre en Irak a pu être présentée comme participant de la «guerre contre le terrorisme», malgré l'absence de tout lien avéré avec Al-Qaeda, et que l'administration Bush a légitimé par avance toute attaque «préventive» contre un Etat en le qualifiant d'Etat «terroriste» ou «voyou»…
On peut admettre la nécessité de renforcer certaines mesures de sécurité dans un contexte de menace terroriste et, en même temps, combattre l'autonomisation des dispositifs de sécurité par rapport à l'Etat de droit (garanties de défense, présomption d'innocence, exigence de preuve…) ou encore refuser les lois d'exception. Celles-ci ont abouti, aux Etats-Unis, à la création des monstrueux statuts