Eva Joly sera finalement candidate en deuxième position avec Dany Cohn-Bendit sur la liste Europe Ecologie pour les européennes de juin 2009. Elle explique pour la première fois ce choix à Libération.
Comment l’ex-juge de l’affaire Elf se retrouve dans le rassemblement des écologistes aux européennes ?
Cela fait six ans que je voyage pour l’Agence norvégienne de développement. En Bolivie, au Mexique, au Paraguay, en Afrique, j’ai vu, de mes yeux, les dégâts. Mes collègues de La Paz se battent autant contre la corruption que pour l’environnement : la population boit l’eau des glaciers qui fondent à cause du réchauffement climatique. Au Paraguay, la culture du soja transgénique a précipité des milliers de gens dans la pauvreté. J’ai compris que la corruption n’est que le petit bout de la lorgnette, et que l’exploitation des richesses naturelles au bénéfice de quelques multinationales provoque un grand appauvrissement des populations. J’ai alors cerné les liens entre corruption, pauvreté et prédation de l’environnement. Je me suis dit que c’est un mécanisme extraordinairement important pour le combat écologique. Cela a été comme un déclic : il était temps pour moi de prendre la parole non plus comme conseiller mais comme politique.
Vous avez d’abord contacté le Modem ?
Dans le tableau politique français, je n’imaginais travailler qu’avec le PS, le Modem, les Verts. J’excluais l’UMP et les alliés de Nicolas Sarkozy. J’aurais été un peu perdue chez les socialistes pris par leurs batailles internes. J’ai pensé faire un bout de chemin avec François Bayrou mais, quand Dany Cohn-Bendit m’a contactée, j’ai senti qu’on