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Libération
EDITORIAL

Cueillies

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publié le 11 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 11 décembre 2008 à 6h51)

Sale temps pour les icônes. Coup sur coup deux femmes symboles de cette «diversité» que la France a décidément du mal à promouvoir viennent de se faire sèchement cueillir par leurs supérieurs hiérarchiques, blancs et masculins. Rachida Dati avait envisagé avec une certaine faveur une réforme pénale rendant possible l’incarcération des mineurs de 12 ans. François Fillon a brusquement déclaré qu’il n’en était pas question. Rama Yade mène une action difficile mais opiniâtre en faveur des droits de l’homme. Bernard Kouchner, son ministre de tutelle, déclare tout de go que le poste de sa secrétaire d’Etat, tout compte fait, ne sert à rien, ajoutant d’un ton condescendant que la jeune femme fait ce qu’elle peut. Le pire serait évidemment de défendre les intéressées sur le seul motif qu’elles sont des ministres «diverses». Si Rachida Dati et Rama Yade ne sont pas à leur place au gouvernement, il est cruel mais légitime de le dire. S’agit-il de cela ? Rachida Dati est contestée, et son sens politique est parfois incertain. Mais elle a surtout appliqué, en bonne militante, le programme de fermeté judiciaire défendu par son patron. Aussi bien, Rama Yade a été nommée dans le sillage d’une déclaration spectaculaire du Président, prononcée le jour de son élection, en faveur d’une politique des droits de l’homme. Ce sont les mamours Sarkozy-Kadhafi ou Sarkozy-Ben Ali qui l’ont mise en porte-à-faux. Bref, ces deux femmes portent surtout le chapeau d’une politique, bonne ou mauvaise, décidé