«Consternant», «lent à faire son autocritique», «cynisme» : les ONG françaises n'étaient pas tendres hier avec Bernard Kouchner. Pour autant, remettre en cause l'existence même du secrétariat d'Etat de Rama Yade, comme l'a fait le ministre hier dans le Parisien, ne fait pas bondir le président de la Ligue des droits de l'homme, Jean-Pierre Dubois : «Depuis un an et demi, nous disons qu'un ministère des Droits de l'homme est une mauvaise idée, car cela devient une réserve indienne, un alibi. Que Kouchner s'en rende compte, même tard, c'est une bonne nouvelle. Maintenant, il devrait se demander à quoi sert sa propre nomination au Quai d'Orsay.»
Position plus mesurée de Stephan Oberreit, directeur d'Amnesty International France, pour qui «un secrétariat d'Etat, c'est une coquille vide. Tout dépend de la mission, de la feuille de route qui lui est donnée, de la volonté politique qui est derrière. Ce n'est pas non plus un inconvénient d'avoir un secrétariat. Sauf à le mettre en avant quand les droits de l'homme sont en fait mis à l'écart». C'est exactement ce que reprochent les deux hommes au trio Sarkozy-Kouchner-Yade. Et Jean-Pierre Dubois de rappeler que la secrétaire d'Etat a été réprimandée par l'Elysée pour avoir émis des critiques sur la visite de Kadhafi en 2007.
Mais c'est un autre propos de Kouchner au Parisien qui hérisse Stephan Oberreit : «Quand il déclare qu'il y a une contradiction entre politique étrangère et droit