On peut tourner les choses dans tous les sens, cela s’appelle un recul : la réforme des lycées devait être présentée ce matin, elle est repoussée d’un an.
Le gouvernement et Nicolas Sarkozy n'ont pas peur, répètent-ils et mèneront à bien leurs réformes… Certes. Mais dans le contexte de crise actuel et d'exaspération d'une grande partie de la jeunesse, ils préfèrent prudemment prendre le temps de «la pédagogie et de la concertation». Il serait temps. Après des mois de réformes à la hussarde et de passages en force - on le voit avec la loi sur l'audiovisuel public - ils ont enfin compris que la politique du fait accompli peut s'avérer explosive.
Ce qui se passe en Grèce est bien entendu propre à ce pays - d’Europe quand même. Pourtant on sent chez l’équipe au pouvoir une hésitation, une peur de l’émeute, la crainte de débordements. C’est que la liste est longue des dossiers qui peuvent mobiliser les Français dans la rue : les expulsions des sans-papiers, la situation des mal-logés, les suppressions d’emploi publics, les réformes des programmes scolaires… Quand on y ajoute les nombreuses entreprises en difficulté qui dégraissent et les problèmes persistants de pouvoir d’achat, il y a de quoi en effet devenir prudent dans le maniement du projet de loi sauvage ou du décret instantané.
Les jeunes angoissés par leur avenir, sans encadrement politique ou syndical, pourraient vite «partir en vrille» face à une nouvelle provocation.
Le moment est venu de changer de mode de réforme.