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Libération
EDITORIAL

Atteinte

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publié le 23 décembre 2008 à 6h51

L’affaire se présente sous les aspects bonasses d’une rationalisation du travail parlementaire, d’une limitation des excès supposés de l’opposition. En fait, elle porte atteinte à un principe fondamental.

La démocratie - faut-il le rappeler ? - ne consiste pas à organiser la dictature de la majorité, quand bien même cette majorité est issue d’un scrutin parfaitement régulier. Elle consiste aussi à respecter la minorité et à faire du Parlement non une chambre d’enregistrement mais le lieu de la discussion libre et de la représentation des conflits qui traversent la société. En projetant de réduire à la portion congrue le droit d’amendement, le gouvernement piétine purement et simplement ces règles décisives.

Le retardement parlementaire, dit François Fillon, «n’a rien à voir avec la démocratie». Justement si. Sous des formes variées, les trois premières démocraties parlementaires, par ordre d’entrée dans l’Histoire, l’Angleterre, les Etats-Unis et la France, ont institutionnalisé dès l’origine ce droit de retardement et d’appel à l’opinion conféré aux représentants du peuple. Frank Capra a signé un film classique sur la question. Le Premier ministre devrait se le faire projeter…

Notre chroniqueur Alain Duhamel voit dans le sarkozysme une forme nouvelle de bonapartisme. De semaine en semaine, son diagnostic se confirme. Les deux Bonaparte, eux aussi, réduisaient les pouvoirs des Assemblées qui leur résistaient. C’est la raison pour laquelle les républicains les ont toujours consi