Julien Dray a-t-il fauté ou est-il innocent ? Une nouvelle fois, la question du secret de l’instruction judiciaire et des enquêtes policières se pose avec une acuité spectaculaire. D’autant qu’il n’y a dans le cas présent aucune instruction et que tout repose sur une enquête préliminaire dont on ne possède que des bribes. A priori, les éléments apparus dans la presse (y compris dans Libération) sont embarrassants pour le député socialiste. Mouvements d’argent liquide, chèques d’entrepreneurs, dépenses apparemment somptuaires, tout cela compose un tableau accusateur aux yeux de l’opinion. Mais outre que la présomption d’innocence est un principe essentiel en démocratie, on se souviendra que Dominique Baudis, Dominique Strauss-Kahn ou encore Gérard Longuet fournissaient eux aussi à l’opinion des figures de coupables présumés. Tous trois ont ensuite été blanchis par la justice.
La prudence s’impose donc, comme elle aurait dû s’imposer dans beaucoup d’affaires. Julien Dray assure qu’il pourra répondre à la justice le moment venu sur toutes les accusations qui pourront être formulées, à condition de les connaître autrement que par la presse.
Il n’y a qu’une solution logique à cette situation paradoxale : que le fondateur de SOS-Racisme soit en mesure de s’expliquer au plus vite sur les mouvements de fonds relevés par la police financière, quitte à accélérer la procédure.
L’enquête est devenue publique : il n’y aurait rien de pire que de laisser se développer sans frein ni équité une