«8 janvier 2008, après huit mois d'image présidentielle explosée, opération "resymbolisation" sur le terrain du général De Gaulle, le modèle présidentiel par excellence : la conférence de presse à l'Elysée. Survient une question, manifestement imprévue, sur la monarchie élective. Questionné sur son respect des libertés publiques, De Gaulle, le 19 mai 1958, fusait de sa fameuse voix de fausset : "Croit-on qu'à 67 ans, je vais commencer une carrière de dictateur ?" La messe était dite. Mais le sens de la repartie n'est pas la chose du monde la mieux partagée. Le sixième Président de la Ve, qui méconnaît la différence entre monarchie et royauté héréditaire, s'enfonce dans un marécage sémantique où il n'a pas pied : "M'enfin… monarchie, ça veut dire héréditaire. Vous croyez donc que je suis le fils illégitime de Jacques Chirac qui m'a mis sur un trône ? Moi, issu de la monarchie ? OK ! Alors si la monarchie c'est l'élection, c'est pus la monarchie, m'sieur Joffrin." Mais la protestation en sourdine du questionneur va offrir au Président une voie de sortie exemplaire de son exercice du pouvoir. Maudits soient les études et les dictionnaires ! Le Président a raté jadis un cours de droit constitutionnel, il se contrefiche du mode de désignation des monarques du Saint-Siège ou des Emirats arabes et ne fréquente guère la rubrique étymologie du Petit Robert. Ça le protège, car il a assimilé d'instinct la thèse de Bourdieu sur les "luttes de classement"
Interview
«Les mots ont un sens : celui qu’il leur donne»
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par Eric Aeschimann
publié le 2 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 2 janvier 2009 à 6h51)
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