Il y a cinquante ans jour pour jour, le 8 janvier 1959, le général de Gaulle faisait officiellement son entrée au palais de l'Elysée pour y prendre ses fonctions de premier Président de la Ve République. Il était accueilli par un homme affable et stoïque, René Coty, dernier Président de la IVe République qui ce jour-là sût trouver les mots en lançant «le premier des Français est maintenant le premier en France». Le plus illustre des hommes d'Etat qu'aient connu nos Républiques avait tout pour laisser derrière lui une marque profonde et indélébile : le prestige, le pouvoir, l'autorité, la durée et même les circonstances qui transformaient les orages en destin. Et pourtant, un demi-siècle après, le gaullisme gaullien s'est dissous dans les sables. Le général de Gaulle a accompli son œuvre mais la «certaine idée de la France» qu'il portait orgueilleusement est aujourd'hui caduque. Ses principes sont oubliés, ses objectifs sont désertés. La France de 2009 n'a plus rien d'une France gaullienne. Le Connétable n'a pu transmettre son épée. Ces dix années de règne altier, fracassant et haché s'éloignent désormais comme une parenthèse anachronique.
Le Général dont toute la culture appartenait au XIXe siècle était d'abord un irréductible souverainiste. Pour lui, la grandeur de la France s'appelait exclusivement indépendance. Il professait qu'une nation n'a pas d'ami, il s'appliquait à défaire des alliances qu'il vivait comme des entrave