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portrait

Sa loi du marché

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Leïla Chaïbi. Avec ses camarades de l’Appel et la pioche, cette diplômée en sciences politiques organise des pique-niques «réappropriateurs» dans les grandes surfaces.
publié le 21 janvier 2009 à 11h04
(mis à jour le 21 janvier 2009 à 11h04)

Elle a monté avec d'autres le mouvement activiste l'Appel et la pioche pour, dit-elle, «enterrer la faucille et le marteau». Sa langue ? Elle ne l'a pas dans sa poche. Sa voix est souvent éraillée, comme si elle avait trop causé. Elle est de son époque. Elle a compris comment faire pour qu'on parle de ce qu'elle fait. La première fois qu'on l'a vue, c'était dans un supermarché Carrefour, à Créteil-Soleil (Val-de-Marne). Mignon minois, pas apprêté. La seconde fois, pour le rendez-vous devant la statue de la place de la République, il y avait un rien d'attention à sa mise : petit bijou, joli sourire.

Leïla Chaïbi a eu cette idée d'inviter les gens à pique-niquer sans payer dans les supermarchés, les derniers samedis de chaque mois. Le prochain, c'est le 31 janvier. Elle remplit les chariots, fait partager aux personnes présentes leur contenu, pour protester contre les marges des grandes surfaces. Au début, elle avait pensé installer un réchaud et cuisiner, mais pour la logistique, c'était plus facile de manger froid.

A Créteil, il y avait des chips, des jus de fruits haut de gamme, des barquettes de framboises. Les vigiles étaient furax. Au Carrefour Montreuil (Seine-Saint-Denis), lors d'une autre opération, les caissières ont applaudi. Au Auchan Bagnolet (Seine-Saint-Denis), on les a laissés faire. Mais l'enseigne a porté plainte pour dégradations. Et certains clients ont cru que c'était une animation de supermarché. A Créteil, un chômeur observait le cirque avec circo