Spécialiste de l'histoire du syndicalisme en France, Dominique Andolfatto est maître de conférences en science politique à l'université de Nancy-II. Il est notamment l'auteur de Sociologie des syndicats (la Recherche) et d'une Histoire des syndicats, 1906-2006 (Seuil).
Quelle est l’origine des syndicats SUD, aujourd’hui dans le collimateur du président de la République ?
Les premiers syndicats SUD ont été créés à la Poste en 1988-1989, par des adhérents exclus de la CFDT. Celle-ci était dans une phase de recentrage, stratégie à laquelle s’opposait une partie de ses militants, qui défendaient une ligne d’extrême gauche.
Il y avait parmi eux des militants trotskistes de la Ligue communiste révolutionnaire. Y a-t-il des liens organiques entre la LCR et SUD ?
Pas institutionnels, et SUD recrute au-delà du cercle des militants d’extrême gauche. SUD prend le contre-pied du syndicalisme confédéral qui a évolué vers un modèle plus institutionnel. En développant un syndicalisme de permanents, d’experts, de professionnels, la CFDT mais aussi la CGT se sont peu à peu éloignées de la base. SUD recrute chez ceux qui refusent cette évolution.
Les grèves de décembre 1995 ont-elles apporté à SUD un second souffle ?
En effet, à partir de 1995, SUD commence à attirer les déçus de la CGT. C’est la création de SUD rail, qui est aujourd’hui la deuxième organisation syndicale à la SNCF avec près de 15 % des voix, derrière la CGT qui recueille 43 %. Et SUD atteint même 22 % chez conducteurs.
N’y a-t-il pas aussi chez les adhérents de SUD un fort attachement à leur identité professionnelle ?
C’est une dimension importante, en particulier chez les cheminots. SUD défend un syndicalisme de métiers, alors que les confédérations portent un discours plus politique.
SUD a un discours politique d’extrême gauche, altermondialiste…
… Qui est aujourd’hui porté par l’union syndicale Solidaires. C’est une façon de répondre à l’accusation de corporatisme, tout en s’insc