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Libération
Éditorial

Le front des refus s’organise. Mobilisation. Editorial

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publié le 23 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 23 janvier 2009 à 6h51)

Nicolas Sarkozy le sait : même s’il est froid ou humide, l’air sent la poudre. En principe, les temps de crise ne sont guère propices aux mouvements sociaux. La peur, l’angoisse de l’avenir, la menace qui pèse sur les conditions matérielles de vie incitent au repli et à la prudence. Mais nous sommes en France. L’individualisme du tempérament national se double d’un goût pour l’action collective soudaine qui prolonge, même sur le mode symbolique, la longue chaîne des émotions populaires commencée en 1789. Les manuels d’histoire ont plus d’influence qu’on ne le pense…

Révolte. Ainsi «l'Appel des appels» que nous publions aujourd'hui est-il un événement qui dépasse de loin le jeu du mécontentement catégoriel. Depuis de longs mois, nombre de professions, souvent vouées au service public, manifestent leur opposition. Elles usent de protestations classiques, mais aussi d'un langage et de méthodes dont la radicalité doit être méditée, alors même que leurs porte-parole ne sont pas forcément des militants organisés. Les psychiatres, les professeurs, les magistrats, les créateurs on tous un motif d'exprimer leur refus et leur revendication, quand ce n'est pas leur révolte. Il y a là un phénomène politique qui n'émane pas du monde des élus, des responsables de partis ou de syndicats. Il vient de la société.

Que veulent-ils, non pas pour leur compte, mais pour la collectivité ? D’abord un respect des libertés publiques que le gouvernement, à leurs yeux, tend à écorner dan