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Libération
Éditorial

L’opposition à plusieurs voix

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publié le 27 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 27 janvier 2009 à 6h51)

Nicolas Sarkozy a trois adversaires en France : Martine Aubry, Bernard Thibault et Alain Badiou. «Mais pourquoi diable Alain Badiou ?» dira-t-on. La chef de file du PS et le leader de la CGT représentent - avec d'autres, bien entendu - l'opposition politique et l'opposition syndicale. Que représente ce philosophe longtemps peu connu, qui s'est distingué, outre son travail théorique, par un pamphlet appelé De quoi Sarkozy est-il le nom ? (1) Quelque chose de diffus, de malaisé à définir, qu'on nomme, faute de nom, la radicalité. Autrement dit ce sentiment de refus, de résistance, de mobilisation, au langage parfois outrancier, qu'on sent émerger dans plusieurs professions mises en cause par la politique gouvernementale et aussi dans la tête de tant de Français sincèrement indignés de voir que les sacrifices imposés par la crise les frappent si inégalement selon qu'ils soient puissants ou modestes. Si rien ne se passe, tout cela restera à l'état latent ou bien confiné dans une minorité de la minorité. Mais tous les mouvements sociaux dans l'histoire ont été précédés par l'action de groupes minuscules qui servent de catalyseur. Il suffit d'un abcès de fixation quelque part, une lutte sociale plus âpre qu'une autre, un conflit qu'on n'arrive pas à éteindre (comme celui de Saint-Lazare) et l'étincelle peut jaillir. Voilà pourquoi, quels que soient nos désaccords avec certaines de ses thèses, nous avons proposé à Alain Badiou d'être notre invité spécial pour ce numéro.

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