«Au moins, là, Sarko pourra pas dire qu'on remarque pas quand y a grève.» Il est 13h30 place de la Bastille, le ciel est bleu et, de fait, il y a du monde, comme le note ce lycéen occupé à coller un autocollant «rêve générale» sur le blouson de sa copine. En attendant le départ du cortège prévu à 14 heures, les merguez grillent, les terrasses de café font le plein et on peaufine les slogans – «trop de sécurité nuit à la santé», «le fond de l'air effraie», «sarkoland=précarité légalisée»...
Venus à pied, en métro et RER – qui roulent plutôt bien pour un jour de grève –, vélo, voiture ou car, des milliers de manifestants affluent de tous les côtés. La liste est longue : profs, étudiants, infirmiers, postiers, gaziers, mais aussi salariés du privé, avocats, médecins, retraités, salariés de l'audiovisuel, collectifs d'handicapés, de sans-papiers, intermittents...
«Les profits ne sont jamais redistribués»
Beaucoup sont venus pour ça : «Pour une fois, ce n'est pas privé contre public, tous les corps de métier sont représentés», souligne une jeune femme qui ne veut pas dire son nom, «trop peur d'être identifiée par (s)on patron». Salariée d'une «PME dans l'audiovisuel», elle est «fatiguée de voir que les profits ne sont jamais redistribués. Ma société a fait 12% de bénéfices l'année dernière et rien n'a bougé côté salaires». Elle s'est déclarée gréviste et a pris le premier RER. «C'est plutôt mal perçu par mes collègues et ma hiérarchie, je vais devoir rattraper ça d'une maniè