Menu
Libération
EDITORIAL

Royaume

Article réservé aux abonnés
publié le 31 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 31 janvier 2009 à 6h51)

Un certain 14 juillet, apprenant la prise de la Bastille, Louis XVI demande au duc de Liancourt : «C'est une révolte ?» Et le lucide conseiller de répondre : «Non, Sire, c'est une révolution.» Nulle chance qu'une scène de ce genre se reproduise avec Nicolas Sarkozy : le duc de Liancourt aurait été muté avant d'ouvrir la bouche. Ainsi vont les choses dans le royaume de France : l'intendant qui n'a pas su protéger les augustes oreilles des lazzis du populaire est congédié comme un laquais. Et on y ajoute le lieutenant de police pour faire bonne mesure.

Les fonctionnaires d'autorité, on le sait, sont révocables ad nutum. Même s'ils ne sont pas mélomanes, les préfets sont habitués à valser. Mais c'est bien le caprice du prince qui explique la sanction qui a frappé le préfet de la Manche et que les élus UMP eux-mêmes jugent exorbitante.

L’affaire n’est pas seulement pittoresque. Elle symbolise toute une méthode. Jeudi, la plus grande manifestation observée depuis la protestation anti-CPE a exprimé le sentiment d’injustice qu’éprouvent une grande partie des Français devant l’inégale répartition des sacrifices de crise.

Vendredi, les responsables gouvernementaux expliquent que la politique menée jusqu'ici ne déviera pas d'un pouce. «Désormais, quand il y a une grève en France,avait dit Nicolas Sarkozy,personne ne s'en aperçoit.» La boutade provocatrice doit être reformulée : désormais quand il y a une manifestation monstre en France, personne à l'El