Le sarkozysme de conquête est mort en direct, hier soir à la télévision. Depuis la campagne présidentielle, voilà deux ans, il reposait sur deux idées force : la réhabilitation du travail, avec le plein-emploi en filigrane ; la promesse de plus de pouvoir d'achat, via une croissance dopée par une pluie de réformes. Volontarisme en étendard, Nicolas Sarkozy suggérait qu'il n'était plus question de subir les événements. Son mouvement perpétuel conjugué à un sentiment de toute puissance devait balayer tous les obstacles et les «conservatismes».
Mais la crise a provoqué une rupture qui n'a rien à voir avec celle que le chef de l'Etat voulait incarner. Aujourd'hui, le Président n'a plus les coudées franches. C'est pour lui un changement radical. Il ne peut plus réformer tête baissée au milieu des millions de Français frappés par les conséquences de la crise. Il doit composer avec des syndicats sur le pied de guerre et une opposition qui semble savoir de nouveau formuler des propositions. L'heure n'est plus à la provocation bravache («quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit») mais à la compassion de circonstance.
Flou. Hier, Sarkozy est apparu sur la défensive. Laborieux dans ses explications, prudent sur ses rares annonces, celui qui aime par-dessus tout prendre l'initiative s'est abrité à plusieurs reprises derrière ses futures discussions (le 18 février) avec les partenaires sociaux pour entretenir le flou sur de nouvelles me