Petit rituel guadeloupéen au 24e jour de la grève générale : à 7 heures du matin, les oreilles se collent au poste de radio pour écouter la liste des stations d'essence réquisitionnées par la préfecture. Aujourd'hui, elles sont vingt sur l'ensemble de l'archipel, dont une réservée aux marins-pêcheurs. En quelques minutes, de longues files d'attente s'étirent devant celles de l'agglomération de Pointe-à-Pitre. «Du carburant ? Mais pour quoi faire et aller où ?» s'amuse Jocelyn, 37 ans, gréviste d'une entreprise de transport.
Dans la ville, réputée pour ses bouchons, le trafic est quasi inexistant : les transports publics et les administrations sont arrêtés, les parents n’amènent pas les enfants dans les écoles toutes fermées depuis trois semaines et les rares magasins ouverts ne hissent le rideau de fer qu’à moitié. Le port est paralysé et la préfecture a encore exigé hier la réquisition de personnel pour éviter que l’avitaillement des avions ne soit perturbé. Dans la zone industrielle, des gendarmes mobiles patrouillent, alors que les incidents se multiplient. Quasi désert en ce début de matinée, le centre-ville, où la police se fait discrète, est plongé dans un calme et un silence en trompe-l’œil. Seuls des petits commerces d’alimentation sont ouverts pour ne pas trop pénaliser la population, tandis que des pick-up installés aux carrefours vendent bananes, pastèques et ananas.
Retraites. «Ici, du lundi au samedi, c'est comme un dimanch