Au fur et à mesure que le chômage se répand dans le pays, il diffuse ses effets délétères. L’ampleur des difficultés nourrit l’exaspération. Nos panélistes retiennent trois chiffres cette semaine, qui se télescopent dans leur tête : 7 milliards d’euros d’aides de l’Etat à l’automobile, 14 milliards d’euros de bénéfices de Total, 200 000 chômeurs de plus.
L'incompréhension culmine : «On injecte des milliards dans des groupes qui font des bénéfices, alors que nous, quelques centaines d'euros nous manquent pour vivre !» Un cadre prévient : «Partout autour de moi, c'est le désarroi. Si rien ne change, on descendra dans la rue.» Face à la crise, chacun fait ses comptes et s'organise. «Je fais des heures sup pour boucler mes fins de mois», explique une employée. «Je diminue ma consommation», avoue un enseignant. «Un ami vient d'être embauché chez ArcelorMittal, témoigne un étudiant. Il y a du chômage technique, les bas salaires sont touchés.» Une habitante de Haute-Savoie raconte : «Ici, il y a beaucoup d'usines de décolletage qui travaillent pour l'automobile. Le gouvernement a mis des milliards chez Peugeot et Renault, en échange de contreparties pour les sous-traitants. Mais la nuit, quand on passe devant ces usines, les lumières sont éteintes.»
Ce qui choque les panélistes, c'est moins les aides de l'Etat aux entreprises que leur annonce concomitante à celle des profits de 2008. C'est la question de leur partage qui