C’est pour l’heure une révolution joyeuse et pacifique. Une vague de contestation porteuse d’émancipation qui balaiera, peut-être, des décennies de mal-être et un système politico-économique aux ressorts coloniaux. Sous le soleil trompeur des Caraïbes, la révolte s’incarne par une couleur - le rouge des insurgés de 1801 contre le rétablissement de l’esclavage - et trois lettres : LKP, pour Lyannaj Kont Pwofitasyon en créole (Union contre l’exploitation outrancière). Soit un collectif de 49 organisations syndicales et associatives qui puise sa force dans la jonction entre les milieux politique, culturel et économique. A sa tête, le charismatique Elie Domota, 42 ans, secrétaire général de l’UGTG, le premier syndicat de la Guadeloupe (52 % des voix aux prud’homales), et directeur adjoint de l’ANPE.
Depuis le 20 janvier, l’archipel guadeloupéen est en grève générale. Quatre semaines sans cours pour les enfants et les étudiants, des stations-service fermées, les administrations et le courrier en rade, des grandes surfaces contraintes de garder portes closes, 12 000 touristes ayant annulé leur séjour… et Pointe-à-Pitre aux allures de ville fantôme. Les négociations sont dans l’impasse et bloquent toujours sur la question d’une hausse de 200 euros des bas salaires. Une manifestation prévue samedi dans la commune du Moule devrait encore rassembler des milliers de personnes. Très structuré et contrôlé par un imposant service d’ordre qui a su éviter tout débordement dans d’énormes défi