Axel Urgin, ancien secrétaire national du PS à l’Outre-Mer, part samedi pour la Guadeloupe en compagnie des députés socialistes Christian Paul et François Lamy, avant de se rendre, dimanche, en Martinique. Il décrypte les ressorts de la crise antillaise.
La grève en Guadeloupe est-elle réductible à la question du pouvoir d’achat ?
En Guadeloupe, comme dans les trois autres DOM, les revenus sont de 30 % inférieurs à ceux de la métropole, alors que le panier de la ménagère y est 40 % plus cher. En termes de pouvoir d’achat, ce n’est pas tenable. D’où un fort consensus dans toutes les catégories sociales, y compris les fonctionnaires. Il faut rajouter à cela la spécificité du monopole de l’essence, avec un prix administré, à propos duquel le ministre a lui-même parlé d’enrichissement sans cause et de graves irrégularités…
D’où le combat contre la «pwofitasyon» ?
Là-bas, dans de petites villes, la «pwofitasyon», c’est-à-dire l’exploitation outrancière en créole, saute aux yeux. Le patronat et les monopoles économiques sont connus, incapables de passer des accords d’intéressement ou des conventions salariales annuelles, et ne comprennent que le rapport de force. D’où le renforcement de syndicats musclés, par rapport aux organisations réformistes qui n’ont pas de grain à moudre.
Comment expliquer la rupture des négociations par le collectif ?
Yves Jégo a assumé son rôle de secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer en expliquant que l'Etat allait prendre en charge, pour les PME, une partie du coût du travail. Donc quand il a été rappelé à Paris, et bêtement désavoué par le Premier ministre, avant de revenir en disant que c'était aux patrons et aux syndicats de jouer, ça a ét