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Libération

Elie Domota, héraut créole

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Le leader guadeloupéen est devenu en vingt-six jours l’icône du mouvement.
publié le 16 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 16 février 2009 à 6h51)

Il s’arrête, croque un morceau de canne à sucre bien juteux et reprend sa place dans le carré de tête du défilé. Une vingtaine de gardes du corps en tee-shirts siglés «LKP sécurité» n’ont d’yeux que pour lui. Ce samedi, Elie Domota est à la tête d’une foule de 10 000 personnes venues commémorer dans la commune du Moule l’assassinat de quatre ouvriers guadeloupéens par les militaires lors d’une manifestation, le 14 février 1952.

La marche avance en chansons, avec toujours cette liesse qui fait la force du mouvement depuis un mois. A intervalles réguliers, il lève le poing, serre des mains, mais se montre économe de ses mots. Concentré sur son combat contre la «pwofitasyon» (l'exploitation outrancière) qui a fait se lever toute la Guadeloupe, le chef de file du collectif LKP à la peau claire sait que le conflit en cours peut désormais dégénérer à tout instant (lire ci-contre).

«Pouvoir par la rue». Le préfet a pris soin de ne pas poster les forces de l'ordre à l'entour du cortège, mais Elie Domota met la pression et accuse : «Aujourd'hui, vu le nombre de gendarmes qui sont arrivés en Guadeloupe, l'Etat français a choisi sa voie naturelle : celle de tuer des Guadeloupéens, comme d'habitude.» Un dérapage verbal ? Une nouvelle ambiguïté comme il sait si bien les entretenir ? Il montre son tee-shirt rouge sur lequel on peut lire «mé 1802», date du rétablissement de l'esclavage par Napoléon, et «mé 67», en souvenir d'une manifestation d'ouvriers du