Contrairement aux Anglo-Saxons qui s'accrochent farouchement aux faits, les Français passent pour être plus sensibles aux apparences qu'à la réalité. Si ce cliché ne s'applique pas à tous les sujets et à tous les personnages, il fonctionne malheureusement à merveille à propos du débat qui commence sur le retour de la France au sein du commandement intégré de l'Otan. On sait que Nicolas Sarkozy a prévu d'annoncer officiellement et solennellement sa décision à l'occasion du 60e anniversaire du Pacte atlantique qui sera célébré les 3 et 4 avril. La plupart de ceux qui s'expriment déjà proclament leur hostilité indignée au retour de la France dans le giron de l'Otan. Les communistes retrouvent les accents de leur croisade anti-Yankees des années 1950. Les socialistes se scandalisent de cet alignement archaïque sur Washington. François Bayrou, héritier direct de la famille politique la plus atlantiste, y voit quasiment une trahison de l'intérêt national. Les post-gaullistes et les souverainistes (Dominique de Villepin, Philippe de Villiers, Nicolas Dupont-Aignan) s'arrachent les cheveux et se couvrent la tête de cendres. L'extrême droite ricane. Ce n'est au total qu'un concert de sarcasmes et de protestations. Personne ne semble s'aviser de cette constatation rustique, prosaïque mais néanmoins intéressante : la France est déjà, de facto, complètement revenue au sein des structures intégrées de l'Otan.
Elle n’a naturellement, même à la grande époque du gaullisme gaullien