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Libération

Les nuits de Pointe-à-Pitre

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publié le 20 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 20 février 2009 à 6h51)

C'est Stanley qui le dit, sur un barrage près de Petit-Bourg, à Basse-Terre : «On attaque la nuit, car la nuit tous les chats sont gris.» Depuis lundi, les nuits guadeloupéennes sont agitées, très chaudes même. Par petits groupes, des jeunes tiennent des barrages, les renforcent, ravivent les flammes pour rendre tout passage impossible. Ils jettent aussi des pierres, depuis les bas-côtés ou les passerelles, sur ceux qui tentent de les franchir. Feux tricolores et sens interdits n'existent plus depuis longtemps. Il faut souvent vite reculer, rouler sur des trottoirs et de la ferraille, prendre des bouts d'autoroute à contresens, mais ne pas trop s'arrêter. On marche aussi beaucoup pour s'approcher des points de contact… et l'on se carapate parfois à l'instinct. Au plus fort des heurts ou des pillages, des détonations retentissent : réservoirs de véhicule qui explosent, grenades paralysantes de la police et - plus rare - tirs de chevrotine ou de balles de chasse, comme celles qui ont tué mardi ce syndicaliste dans une cité du centre-ville. Pointe-à-Pitre est une ville dévastée et désertée. Toutes les rues sont jonchées de détritus, carcasses de voitures, vieil électroménager pour ériger des barrages. De jour comme de nuit, il y plane une odeur de brûlé. Depuis le début de la semaine, les quelques magasins du centre qui ouvraient de manière sporadique ont tous fermé. Même le McDo ! En ville un ou deux lolos, ces petites échoppes antillaises de quartier, ouvrent parfois