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Libération

Les deux visages de la crise

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L’actuscope. Chaque samedi, l’actualité vue par un panel de Médiascopie.
publié le 21 février 2009 à 6h51

La crise a deux faces, l'une fait la grimace, l'autre sourit. Côté pile, la France qui souffre et encaisse. «Je la sens, témoigne un panéliste, cadre de l'industrie en Rhône-Alpes, j'ai peur pour mon emploi.» «Je la sens, moi aussi, poursuit une secrétaire d'une entreprise sous-traitante de l'automobile, Elle est là. Ça faisait trois ans qu'on partait en famille en Tunisie à cette époque. Cette année, on n'ira pas ! Ma fille me demande chaque jour : "Maman, on est toujours pauvres aujourd'hui ?" Vous comprenez, je ne peux pas prendre un engagement sur des vacances, mon patron vient de m'annoncer treize jours de chômage technique sur février et mars…»

Cette France souffre, elle se dit «pessimiste, fatiguée, recroquevillée sur elle». Elle «ne voit pas le bout du tunnel». «C'est comme une contraction, métaphorise une électrice de François Bayrou, on la sent venir, on est dedans, et puis doucement elle va partir…»

Il y a un côté grossesse dans la crise. Chacun sent confusément que quelque chose va naître. C'est le côté face, la France qui «décaisse». «Samedi, sur l'autoroute menant aux stations de ski, y avait un de ces mondes !» s'étonne un retraité dans les Hautes-Pyrénées. «Je suis allé skier, confirme un cadre lyonnais, mais en louant mes skis j'ai négocié une réduction. La crise a du bon. Y'en a qui vendent des tee-shirts "Fuck la crise !".» «Moi, ma vision, renchérit une comptable des Bouches