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Libération
Interview

«Il serait abusif de parler de violences urbaines»

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Guadeloupe . Jean-Michel Prêtre, procureur de Pointe-à-Pitre :
publié le 25 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 25 février 2009 à 6h52)

Jean-Michel Prêtre est procureur de la République à Pointe-à-Pitre. Ces jours-ci, il ne chôme pas avec, entre autres, l’enquête sur la mort du syndicaliste Jacques Bino, tué la semaine dernière à un barrage en plein centre de la ville.

La mort de ce syndicaliste, qui a bouleversé la Guadeloupe, est-elle le résultat d’une balle perdue ?

Non. L’enquête avance rapidement. Pour nous il n’y a aucun hasard dans cette mort. L’acte n’a rien d’involontaire.

Est-ce que c’était Jacques Bino qui était visé ?

Je ne peux pas encore vous répondre, mais on devrait le déterminer rapidement.

Et qu’en est-il des autres dossiers en cours liés aux nuits de violences de la semaine dernière ?

Une personne a été mise en examen pour avoir foncé en scooter avec un fusil à pompe. Une dizaine d’autres ont été placées en détention, mais pour des raisons d’opportunité le tribunal a préféré ne pas les juger en comparutions immédiates. Ce sont pour la plupart des vols aggravés, parfois avec violences.

Comment qualifieriez-vous la violence qui a pu se développer autour des barrages routiers ?

On retrouve un mélange entre des petits casseurs, des individus isolés et d’autres, plus inscrits dans le mouvement actuel. Mais il serait abusif de parler de violences urbaines. Alors qu’il y avait en moyenne trois vols armés quotidiens à Pointe-à-Pitre, il n’y en a plus.

La délinquance en Guadeloupe est-elle différente de ce que l’on connaît en métropole ?

Oui, et d’abord en volume. Ici, il y a deux fois plus de vols aggravés et quatre fois plus de crimes que dans un département comme l’Essonne. C’est spectaculaire. A Pointe-à-Pitre, on a 150 homicides volontaires par an, chiffre comparable à la ville de Marseille.

Comment l’expliquez-vous ?

Il y a des éléments objectifs, comme la forte présence d’armes (fusils, machettes). Une bagarre peut plus vite dégénérer. Surtout, la très grande majorité des crimes a lieu dans un contexte familial ou de voisinage immédiat. Reste