[ARCHIVES — Ce portrait a été publié le 9 mars 2009 dans Libération]
L'une se penche sur la poitrine de l'autre. «Oh, comme c'est joli, tu l'as eu pour la Saint-Valentin ?» La scène se passe à la sortie de l'hémicycle du Sénat. Nadine Morano attrape sa collègue au gouvernement Valérie Létard après la séance de questions et remarque son pendentif noir en forme de coeur. En tailleur rose et maquillage assorti, la première badine, affichant une humeur charmante, enjouée. En pantalon et pull noir, grand manteau bleu, la seconde n'embraye pas à l'invitation à la confidence. Elle répond poliment : «C'est une copine qui les fabrique.» Puis tourne les talons. Pas son truc le papotage entre filles. Ensuite, il est presque difficile de suivre le pas athlétique de cette grande gigue d'1,80 mètre.
Valérie Létard, ancienne sénatrice du Nord, secrétaire d'Etat (Nouveau Centre) à la Solidarité chargée entre autres du droit des femmes, est peu connue. Et pas du tout comparée à l'effrontée Rama Yade, à la glamour-narcissique Rachida Dati, ou même à la biblique Christine Boutin, ses consoeurs de l'exécutif. A l'ère du bling-bling et du show off des politiques, ce n'est pas forcément un défaut. Sauf si l'art des coups de gueule et des petites phrases peut permettre d'obtenir plus de moyens quand on en manque.
«C'est une fille chouette»,«franche»,«sympathique». Et tout cela n'est pas faux. Difficile de trouver quelqu'un pou