D’ordinaire, il ne s’exprime pas. C’est un béké, même si formellement on dit qu’il n’y en a pas en Guadeloupe, ces descendants de colons ayant été tous guillotinés à la Révolution. Une vraie différence avec l’île voisine de la Martinique où les békés ont survécu et conservé leur domination sur l’économie insulaire. Pourtant certains rejetons des grandes familles blanches guadeloupéennes ont survécu à l’histoire. Il y a une trentaine d’années, plusieurs familles de békés martiniquais sont venues s’installer, renforçant les rangs de la petite communauté des «blancs pays». Et faire des affaires.
Lui, sa famille est d'ici. Il se présente donc comme un béké, marié à une béké d'une grande famille de la Martinique. Depuis une vingtaine d'années, il a créé une dizaine de petites entreprises, regroupant une centaine de salariés. «Ce sont des affaires, dans les pneus et dans d'autres accessoires pour voiture.» La cinquantaine, l'homme est chaleureux, façon pieds noirs. Son accent est indéfinissable, mélange de tropiques et d'aristocratie. Ravi de parler, mais sous couvert d'anonymat, il dit maîtriser sa généalogie jusqu'à l'époque de Saint Louis.
«Bling-bling». «Les békés ? Pour moi, ce sont les affaires. Créer des entreprises, c'est ça, ma vie : faire du commerce. J'ai été élevé là-dedans, j'ai toujours entendu mes parents, me dire cela : on doit monter des entreprises. Pour rien au monde, je ne voudrais faire autre chose.» Puis il ajoute : «Et je vous le dis, ce n'es